- Target:
- AMNESTY
- Region:
- Tunisia
Arrêté le vendredi 20/09/2014 chez- lui, rue Sanhaja à Khzema, gouvernorat de Sousse, Zied Younes âgé de 25 ans, doctorant en ingénierie mécatronique a été obligé sous la menace d’un pistolet pointé sur sa tempe de mener l’unité antiterrorisme venue l’intercepter chez ses parents vers le domicile de Mohamed Nacer Hadj Béchir appréhendé lui-aussi dans la même affaire et avec lequel Zied jouait parfois au foot. La maison de Zied Younes n’a pas été fouillée, les agents de la brigade antiterrorisme se sont contentés de saisir son ordinateur portable et celui de sa mère qui fut à l’occasion jetée à terre et piétinée pendant que son fils essayait de montrer aux agents de la brigade ses médicaments contre la tension et le diabète dans l’espoir de la protéger des violences policières.
Une fois Mohamed Nacer arrêté Zied fut jeté dans une voiture de police la tête couverte de son Qamis, ses vêtements de dessous très fins dissimulant à peine son corps Menotté derrière le dos et la tête toujours recouverte il se rendit quand même compte de l’arrestation bruyante et violente de plusieurs autres suspects à Sousse puis à Monastir. Ceci ayant encombré les voitures de la brigade antiterrorisme Zied dût par la suite faire le chemin de Monastir à Gasserine dans le coffre d’un 4*4 avec Mohamed Amine Sassi et Kamel Nakai. Arrivés à Gasserine ils furent accueillis par des gifles, des claques et des coups de pieds dispensés dès leur descente de voiture par les mêmes personnes qui les ont arrêtés. Il a pu distinguer l’un d’eux, brun, moyen de taille et portant une casquette et se souvient qu’un autre portait une barbiche en forme de zéro. Zied se rappelle distinctement avoir vu Mohamed Nacer recevoir une très forte claque sur la nuque suivie par un ironique : ” attends je vais te faire un massage” prélude à une pluie de gifles. Interrogés ensemble et sans procès-verbal, Zied et Mohamed Nacer menottés dans le dos et debout subirent les sévices de cinq enquêteurs tortionnaires qui se les renvoyaient comme des balles à coups de poing et à coups de pieds à un rythme tellement rapide qu’il était impossible de prévoir la provenance du coup. Puis ils furent dénudés et obligés de se regarder l’un, l’autre totalement nus et subissant une bastonnade à l’aide d’un bâton et de barre de fer. Puis avec des tuyaux et un ceinturon. On les a suspendus en poulet rôti ce qui a été difficile concernant Zied vu sa taille et sa carrure. Entre temps les enquêteurs les sommaient d’avouer avoir détenu des armes et avoir comploté des actes terroristes. Ils nièrent en bloc.
Menotté dans le dos depuis sans arrestation, Zied souffrait énormément car il avait subi antérieurement une chirurgie lourde au niveau du biceps droit suite à un accident remontant à plusieurs années. Et malgré supplications, il ne put obtenir d’être menotté les mains devant lui. Et passa d’ailleurs par la suite 90% des six jours de sa période de garde à vue menotté dans le dos. Au bout de plusieurs heures, ils furent emmenés à Tunis dans une véhicule cellulaire très encombré et non climatisé. Ils faillirent être asphyxiés. Zied y a vomi. Mohamed Nacer n’était plus avec eux.
Ils passèrent la nuit à Bouchoucha dans la puanteur et l’encombrement indescriptible, n’eurent rien à manger et ne purent pas dormir. Le lendemain (deuxième jour de garde-à vue) ils furent transférés à Gorjeni et y passèrent le reste de la période de garde à vue. Accueillis par les gifles et les claques, ils furent jetés dans la geôle de Gorjeni . Zied fut obligé à s’agenouiller menotté dans le dos durant une très longue période s’est évanoui au milieu d’une mare de sueur on lui versa de l’eau sur le visage pour le ranimer puis on le força à se remettre à genoux avec les mains levées en l’air jusqu’à ce qu’il s’évanouisse de nouveau. Il a été empêché de dormir, privé d’eau, empêché de faire ses besoins naturels à cause des menottes. Dans la geôle pleine comme une boite de sardines, un gardien a entendu du bruit. Il a alors décidé de punir tout le monde, il a ordonné d’enlever tous les matelas puis les détenus ont été obligés de s’agenouiller et ont reçu pêle-mêle des coups de partout pendant 2h et demi. Zied a été jeté à terre dans une position douloureusement inconfortable et toujours menotté dans le dos et a reçu des chocs électriques au niveau du cou et de la main. 6 gardiens de geôle frappaient indistinctement dans le tas humain jeté devant eux en même temps. Il en a distingué un qui a une crête de cheveux tirant vers le blond. Il n’osait pas trop les regarder. Il a été témoin de la torture inouïe dans sa violence d’un dénommé Oussama 19 ans originaire de Gasserine.
Zied a subi constamment des menaces d’être descendu à la cave pour être traité” comme il le mérite”. Le mercredi il a entendu des cris de femmes. Plus tard dans la journée il a vu 4 femmes : 2 voilées, une niqabée et une sans voile ramenées par les gardiens.
Les trois premiers jours, il a énormément souffert de la faim et de l’interdiction de dormir. Le 4ème jour on leur a donné des sandwichs mais son estomac a refusé la nourriture Il a entendu la voix de Mohamed Ali Jaballah et celle d’un enquêteur qui l’a torturé à Gasserine le 1er jour et qui a dit à l’occasion s’appeler Walid. Il a pu voir Mohamed Ali Jaballah avait l’œil très enflé et l’a entendu continuer à proclamer son innocence sous les coups de plusieurs personnes qui le frappaient en même temps en criant :” lève la tête”.Il a entendu l’un d’eux dire ‘’ et son œil ?’’ et l’autre répondre ‘’ frappe-le encore là-dessus ‘’. Vers minuit on lui a dit qu’il allait être interrogé à nouveau. Zied avait peur et très faim. Il a dit aux enquêteurs tortionnaires : ‘’je suis prêt à avouer tout ce que vous voulez mais ne me frappez plus je suis une ferraille humaine. J’ai subi une opération chirurgicale lourde vous risquez de me rendre handicapé.’’ Ignorant totalement ce qu’on lui demandait d’avouer Zied a demandé à l’enquêteur-tortionnaire de lui dire ce qu’il fallait avouer puis a signé le procès-verbal qu’on lui a présenté sans le relire après environ 7h d’interrogatoire à propos d’armes et d’attentats terroristes au sujet desquels il affirme ne rien savoir en réalité.
Le cinquième jour, il a été emmené à un hôpital (il croit que c’est l’hôpital Habib Thameur mais il n’est pas sûr) .Il a pu voir un médecin : une doctoresse qui lui a fait une injection de Dogmatil. Il lui a montré les bleus et écorchures qui parsemaient son corps mais ne sait pas si elle a consigné ce qu’elle a vu .Il a pu par la suite manger.
Le sixième jour il fut amené devant le juge d’instruction qui a reporté son interrogation quant aux accusations portées contre lui et l’a mis en détention provisoire en attendant. Ses avocats ont insisté pour faire consigner dans le procès verbal ses déclarations relatives à la torture et le détail des traces violacées sur ses poignets, sa nuque et ses chevilles. Ses avocats ont aussi demandé l’annulation de tous les travaux de l’enquête préliminaire en raison de la torture subie par leur client et sa mise en liberté et insisté pour qu’il subisse un examen médical immédiat avant la disparition des traces visibles de la torture. Leurs demandes furent toutes consignées dans le procès-verbal. Zied Younes est actuellement incarcéré à Mornaguia et sera interrogé par le juge d’instruction le 08 Octobre prochain.
Il a reçu la visite de son avocate au cours de son premier jour de détention à Mornaguia et lui a raconté tout ce qui précède.
Maître Ines Harrath
Avocate
"Nous les soussignés, demandons aux autorités tunisiennes de libérer "Zied YOUNES" et toute autre personne ayant été arrêtée sans preuves autre que des avoues signés sous torture.
Nous demandons également de stopper immédiatement tout actes de tortures pratiquées sur les citoyens sous prétexte de la lutte antiterroriste et d'entamer une enquête sur ces crimes contre l'humanité".
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The #Free_Zied petition to AMNESTY was written by Mohamed YOUNES and is in the category Civil Rights at GoPetition.